
Tout ce qu'il faut savoir sur l'expertise des grands vins et les enjeux de la contrefaçon
Quand on me demande en quoi consiste l’expertise en authentification et que j’explique mon métier, je récolte la plupart du temps des regards à la fois surpris et curieux de mes interlocuteurs, généralement suivis par de nombreuses interrogations sur le but de l’expertise, son déroulement ou la contrefaçon en général.
Comment se déroule une expertise ?
Y a-t-il beaucoup de contrefaçons ?
Est-ce que l'on ouvre les bouteilles pour les goûter ?
Voici quelques-unes des questions que l’on me pose fréquemment et auxquelles je vais aujourd’hui tenter de répondre afin de vous donner ma perspective sur cette activité peu commune et peu connue. L’enjeu est de taille car la contrefaçon n’est pas un épiphénomène : en seulement 6 mois entre Décembre 2020 et Juin 2021, des opérations de police coordonnées par Europol, Interpol et l’Office Européen Anti-Fraude (OLAF) dans différents pays de l’Union Européenne ont permis de saisir plus de 1.7M de litres de vins et de spiritueux contrefaits [1]. Or contrairement à d'autres secteur tels que celui de l'art ou des montres de collection, le marché des grands vins et spiritueux est l’un des seuls où des acheteurs sont encore prêts à dépenser des milliers voire des dizaines de milliers d'euros sans autre examen ni garantie que la bonne foi supposée du vendeur.
Plus de 1.7M de litres de vins et de spiritueux contrefaits saisis dans l'UE en 2021
Qu’est ce qu’une expertise en authentification ?
Il s’agit d’une évaluation globale de la bouteille basée sur un examen complet et une série de critères objectifs en vue d’arriver à une conclusion sur son authenticité. Elle se déroule en deux temps, un premier examen physique de la bouteille suivi d’un temps d’analyse des éléments recueillis avant de présenter les résultats.
Les clients qui demandent une expertise sont à la fois des collectionneurs particuliers et des professionnels (négociants, cavistes ou grands établissements hôteliers) soucieux de s’assurer de la qualité des vins qu’ils achètent ou qu’ils ont en cave. L’expertise des bouteilles a lieu idéalement avant la vente dans le cadre de ce que les anglo-saxons appellent une « due diligence » c’est-à-dire un examen approfondi d’un bien en vue d’évaluer les risques potentiels liés à son acquisition. En fait, il s’agit simplement pour l’acheteur de vérifier l’authenticité et la condition des bouteilles avant de les acquérir. L’expertise peut également se faire sur des bouteilles déjà en possession du client soit en vue d’une vente de cave, soit parce qu’il a des doutes sur certains flacons et souhaite avoir un avis extérieur.
Vérifier l’authenticité et la condition des bouteilles avant de les acquérir
Les vins concernés sont principalement des crus prestigieux ou des vieux millésimes issus de tous les grands vignobles français comme la Bourgogne, la Champagne, le Bordelais ou la Vallée du Rhône mais aussi de grands vins étrangers provenant d’Italie, d’Espagne, des Etats-Unis ou d’Australie. La qualité et la longévité exceptionnelle de ces bouteilles qui peuvent parfois se bonifier pendant des décennies en font des produits d’exception dont la valeur se compte parfois en milliers d’Euros et des cibles de choix pour les faussaires.

Château Cheval Blanc, St Emilion 1er Grand Cru Classé 1982 (source image : Aces Vins)
La fabrique des contrefaçons
La contrefaçon est un double crime qui lèse à la fois les intérêts des acheteurs mais aussi ceux des producteurs légitimes dont on a usurpé la réputation. Au-delà des aspects financiers et sanitaires, ce sont des moments uniques et des expériences dont les amateurs sont privés. C’est la colère et la frustration de voir sur une étagère une bouteille ouverte à l'occasion d'une célébration et gardée pour sa valeur symbolique, et de réaliser la duperie dont a été victime l’amateur, qui sont à l'origine de mon orientation dans cette niche d'activité. Pour les producteurs, bien au-delà du manque à gagner, c'est surtout l'atteinte à une réputation acquise de haute lutte grâce au travail de plusieurs générations qui est le plus dommageable.
La contrefaçon est un double crime qui lèse à la fois les intérêts des acheteurs et des producteurs légitimes.
On pointe souvent du doigt la Chine comme un terrain prolifique pour la contrefaçon, et de nombreuses affaires de propriété intellectuelle telle que celle opposant Treasury Wine Estates (la maison mère de Penfolds) à Rush Rich en 2022 [2] ou la découverte d’une ligne de production de fausses bouteilles du Château La Tour Carnet (AOC Haut-Médoc, 4ème grand cru classé en 1855) en Décembre 2019 démontrent que le problème est bien réel [3].
Capture d'écran d'une vidéo montrant une ligne de production de fausses bouteilles de La Tour Carnet en Chine (source image: Vinojoy)
Néanmoins, il serait faux de penser que toutes les mauvaises bouteilles viennent de Chine et qu'elles ne sont pas présentes sur les autres marchés. De 2014 à 2018, un gang de faussaires espagnols a vendu plus de 3.000 bouteilles de faux Pingus et Vega Sicilia pour une valeur total estimée à US$2M [4]. En France, le faussaire Aleksandr Iugov a vendu entre 2012 et 2014 près de 400 fausses bouteilles de Romanée-Conti et de Musigny du Domaine Leroy d'une valeur totale de plus de €3.5M [5].
Les grands vins ne sont d’ailleurs pas les seuls produits concernés par ce problème et les spiritueux, notamment whiskys et bourbons, sont également la cible des faussaires depuis longtemps. En 2020, la Guardia Civil a procédé à des arrestations à travers toute l’Espagne dans le cadre de l’opération Fuco enquêtant sur un vaste réseau de contrefaçon de whisky. Les autorités ont saisi près de 300.000 bouteilles contrefaites et estiment le préjudice pour la marque concernée à plus de €4M [6].
On s’imagine généralement le faussaire comme un « artisan » fabriquant des grands crus tout seul dans sa cave mais il s’agit bien souvent d’une image d’Épinal. Les escrocs d'aujourd'hui mettent en place de véritables lignes de production qui leur permettent de produire de grandes quantités afin de rentabiliser au maximum leur investissement criminel. Pour berner les acheteurs, ils contrefont également les caisses bois des grands domaines, copient le papier de soie utilisé par certains producteurs et vont jusqu’à manufacturer de fausses bandes de garantie pour que la tromperie soit la plus difficile à déceler.

Tignanello vs Tignanello : l’une des deux bouteilles est une contrefaçon (source image : Chai Consulting)
Parallèlement, l’idée selon laquelle seules les bouteilles les plus rares sont ciblées est aussi erronée. Des marques « masstige » [7] telles que Tignanello sont tout aussi exposées. C’est justement parce qu’elles sont plus courantes et moins iconiques qu’elles peuvent plus facilement passer sous les radars. Par ailleurs, les volumes légitimes de ces cuvées étant plus importants, elles font l’objet d’un plus grand nombre de transaction et présentent donc un rapport bénéfice-risque attractif pour les faussaires.
Faux Sassicaia : un bénéfice illicite de €400.000 par mois correspondant à 700 caisses soit environ 7 palettes
Dans la vidéo ci-dessous, la Guardia di Finanza de Florence montre le procédé de fabrication de fausses caisses du grand cru italien Sassicaia après l'arrestation en Octobre 2020 d'un gang de faussaires. La durée de la fraude n'a pas pu être déterminée mais le produit de cette entreprise a été estimé à €400.000 par mois selon les autorités italiennes ! [8] Le volume correspondant est de l'ordre de 700 caisses mensuelles soit l'équivalent de 7 palettes.
Il est essentiel de garder à l'esprit les montants en jeu et l'implication de ces activités criminelles. Au prétexte que les consommateurs lésés par ces pratiques ont les moyens d'acquérir des flacons onéreux (et donc d'absorber les pertes si on suit le même raisonnement), on entend parfois des commentaires acides sur le sujet. Or la contrefaçon reste un délit (Art. L716-4 du Code de la propriété intellectuelle) et ce, quel que soit le profil de la victime. Par ailleurs, les méthodes utilisées et les montants en jeu dans des affaires comme celle évoquée ci-dessus posent de sérieuses questions quant aux flux financiers générés par ces trafics et à leur utilisation potentielle dans d'autres activités criminelles.
Pourquoi demander une expertise ? Quels sont les risques potentiels pour les acheteurs ?
Le but de l’expertise est de protéger les intérêts de l’acheteur en limitant ses risques. Le premier d'entre eux est un risque sanitaire liée à la consommation d'un produit élaboré en dehors de tout contrôle. Le deuxième est le risque de perte financière résultant de l’acquisition d’une bouteille frauduleuse et qui concerne tous les acheteurs potentiels. Mais pour les professionnels du vin ou de l’hôtellerie restauration, il se double d'un risque en termes d'image de marque et de réputation qui peut s’avérer bien plus coûteux pour l’établissement. La connaissance des grands crus et des vieux millésimes requiert une formation spécifique même pour des professionnels du secteur qui ont l'habitude de vendre ou d'ouvrir ce genre de bouteilles. Dans ce cas, le risque financier se double d'un risque de réputation potentiellement plus dommageable si une mauvaise publicité sur une bouteille apparaît sur les réseaux sociaux ou dans la presse.
Le risque financier se double d'un risque en termes d'image de marque et de réputation qui peut s’avérer bien plus coûteux pour les professionnels.
C'est la désagréable expérience qu'a faite l'hôtel Waldhaus am See de St Moritz en 2017. Après avoir vendu un verre de Macallan 1878 pour près de 10.000 CHF et posté la photo sur Instagram, plusieurs experts en whisky ont émis des doutes sur l'authenticité du flacon. Soucieux de prouver son intégrité et de protéger sa réputation, l'établissement a eu la bonne réaction et fait expertiser la bouteille par Rare Whisky 101, une société de courtage et de conseil spécialisée. L’expertise a prouvé que la bouteille était effectivement contrefaite et le manager s’est rendu personnellement en Chine pour rembourser le client. Or, bien que l'hôtel ait répondu de la meilleure manière possible pour protéger les intérêts de son client et les siens, la nouvelle avait déjà fait la une de nombreux médias à travers le monde et il y a fort à parier que l’établissement aurait préféré éviter de faire le buzz de cette manière.

La bouteille contrefaite de Macallan 1878 servie au Waldhaus am See (source image : Rare Whisky 101)
Contrairement à une idée largement répandue et réaffirmée par de nombreux intermédiaires ou pseudo-experts qui veulent éviter à tout prix de refroidir les acheteurs, les fausses bouteilles sont toujours nombreuses sur le marché. A titre d'exemple, entre 2002 et 2012, le seul Rudy Kurniawan _condamné par le Tribunal de New York pour contrefaçon_ a vendu plus de 20.000 bouteilles pour une valeur total estimée à près de US$150M et dont la majorité sont probablement toujours en circulation avec une valeur de marché bien supérieure aujourd'hui. Quant a Kurniawan (dont même le nom est un faux), il a purgé sa peine, désormais en Asie et continue à goûter du vin et à participer à des dîners.
Comment se passe une expertise ?
L’expertise se déroule en deux temps : un premier temps d’examen physique des bouteilles et un deuxième temps dédié à l’analyse avant d’arriver aux conclusions.
L’examen physique commence par une série de prises de vues en haute résolution suivie par tout un protocole d’enregistrement de mesures et de prise de notes sur la bouteille, la capsule, les étiquettes etc. Le type de papier, la qualité de l’impression, la manufacture du verre, voilà quelques-uns des éléments que l'on examine de près. On inspecte également la bouteille au moyen d’outils plus spécifiques comme le microscope électronique. Bien que ce ne soit pas systématique, une inspection complète comprend également l’examen du bouchon à travers le goulot. Cette opération délicate se fait au moyen d’un scalpel permettant une découpe partielle et précise de la capsule qui restera discrète une fois celle-ci remise en place. L’examen prend généralement entre 20 et 30 minutes selon la bouteille et peut se faire soit chez le client ou dans un entrepôt, soit dans nos locaux. C’est donc une inspection physique de la bouteille assez similaire à celles auxquelles on soumet les objets d’art.
L’analyse des données et des prises de vues se fait dans un deuxième temps. Elle vise à comparer et confronter les éléments obtenus à une base de données compilée depuis de nombreuses années par mes soins et ceux de collègues experts à travers le monde. Une fois l’analyse des données terminée, les conclusions peuvent être rendues au client. Comme dans toutes les expertises, notamment dans le domaine de l’art, il n’est pas possible d’apporter une garantie absolue d’authenticité mais il s’agit présenter une opinion motivée par des éléments objectifs qui permettent d’arriver à une conclusion d’authenticité ou de contrefaçon. Le coût de l'expertise varie selon le nombre, le type et l’âge des vins à partir de €200 HT pour une bouteille seule.
Est-il possible de faire une expertise sur photo ?
Non, il n’est pas possible de travailler à partir d’une photo. Le protocole d’expertise exige un examen physique de la bouteille incompatible avec l’envoi d’une photo. Hormis dans les cas particuliers tel que la détection de différences manifestes (une mauvaise étiquette pour l’époque) ou d’erreurs grossières (comme une faute d’orthographe par exemple), la photo ne peut pas remplacer une inspection de la bouteille. Néanmoins, elle peut permettre de reconnaître une "licorne" c'est-à-dire une bouteille qui n'existe pas et n'a jamais été produite par un domaine légitime.

Ceci est une licorne: François Gros n'a jamais produit cette bouteille. (source image: Winebid.com)
Existe-t-il des analyses de laboratoire à pratiquer sur les bouteilles pour les authentifier ?
C’est possible mais c’est un cas de figure assez rare dans la pratique pour les vins. D’abord parce que cela implique généralement de détruire l’échantillon lors des tests et ensuite pour des questions de coûts. Des méthodes telles que la spectroscopie, la spectrométrie de masse ou l'analyse d'isotopes ont déjà été utilisées tout comme la mesure du césium 137.
Est-ce que l’on goûte le vin pour l’authentifier ?
C’est une des questions que l’on me pose le plus souvent. Comme l’expertise concerne les grands vins, la possibilité de goûter les meilleurs crus du monde fascine les amateurs et c’est bien compréhensible. Or, si l’idée est séduisante, elle ne correspond pas à la pratique. Si un dégustateur très expérimenté est effectivement capable de reconnaître des vins dans le verre, la méthode n’est jamais employée en expertise pour de nombreuses raisons.
Déguster pour authentifier, cela impliquerait d’abord que l’expert ait déjà goûté le cru en question et serait capable de le reconnaître au-delà des variations d’une bouteille à l’autre, d’un millésime à l’autre et des différences de vieillissement entre les bouteilles. On entrevoit dès lors les limites de la méthode. Il est déjà délicat de différencier à l’aveugle deux crus aux profils similaires, l’idée selon laquelle il serait possible d'y parvenir, à coup sûr et au-delà de tout doute raisonnable, parfois après plusieurs décennies, est une vue de l’esprit. Il arrive régulièrement que l’on échantillonne une bouteille sur tout un lot pour juger de son évolution et de son état de conservation, notamment en vue d’une vente, mais seulement sur des bouteilles déjà considérées comme authentiques.
Mais au-delà des enjeux de la dégustation, il y a deux raisons plus fortes qui expliquent que je ne goûte jamais pour authentifier. La première est qu’un tel procédé impliquerait d’ouvrir la bouteille ou d’y accéder grâce au système Coravin™ [9]. Or, on touche ici à l’intégrité même de la bouteille qui, ce faisant, perdra toute sa valeur. La seconde raison est une question de santé : en admettant que la bouteille soit contrefaite, il est impossible de savoir précisément ce qu’elle contient. Dans le meilleur des cas, il pourrait simplement s’agir d’un vin plus basique. Mais qu'est-ce-qui indique qu’il s’agit bien de jus de raisin fermenté ? Ou que le liquide utilisé ne contient pas d’additifs potentiellement nocifs ? On comprend aisément le risque sanitaire et ne sachant pas ce que contient la bouteille, je ne goûte jamais. Un collectionneur privé qui pensait avoir des bouteilles frauduleuses dans sa cave m’avait un jour confié organiser des diners de « faux » avec ses amis. Chacun amenait une bouteille douteuse et les convives les goûtaient ensemble pour tenter de savoir si elles étaient vraies ou fausses. Pour ma part, je préfère m'abstenir.

Labouré-Roi Gevrey-Chambertin & Marcassin Sonoma Pinot Noir entrant dans la "recette" de Rudy Kurniawan pour fabriquer de fausses bouteilles de Romanée-Conti des années 1940/50. Exhibits 1-409 & 1-407
(source image : US Department of Justice & Chai Consulting)
Certificat d’authenticité, blockchain et rapports d’expertise
A la fin de l’expertise, le client peut obtenir un certificat virtuel pour chaque bouteille considérée authentique. Je ne produis pas de certificat écrit ou de lettre car il est très simple de modifier ou de copier ce genre de documents pour les réutiliser. Les informations relatives à chaque bouteille sont entrées dans un registre en blockchain dénommé Chai Vault. C’est un système de coffre-fort virtuel développé par Maureen Downey & Ed Baum dans lequel sont conservées toutes les données relatives à l'expertise d'une bouteille (photos & points de contrôle). Une fois les données enregistrées, on applique sur la bouteille une sur-capsule transparente munie d’une puce RFID et d’un QR code qui se superpose à la capsule existante. Le code et la puce sont lisibles à l’aide d’un smartphone ou d’un lecteur RFID et permettent d’accéder au certificat en ligne de la bouteille. Si la capsule est enlevée, endommagée ou percée, la puce devient illisible.
Le certificat contient également les informations relatives à la transaction et peut tracer les transactions futures dans la blockchain sous réserve qu'elles soient enregistrées par les vendeurs. Les informations relatives aux clients privés sont soit confidentielles soit visibles selon le souhait des particuliers. Les informations relatives aux professionnels sont quant à elles toujours publiques. Le Chai Vault est déjà utilisé par plusieurs marchands réputés à travers le monde telles que la maison d’enchères Zachy’s à New York.

Détail des capsule Chai Vault mêlant puce RFID, QR code et impression holographique (source image : Chai Vault)

Capsules avant application (source image : Aces Vins)

Certificat d'authenticité pour un Charmes-Chambertin 2014 du Domaine de la Vougeraie (source image : Chai Vault)
Dans le cas d’une bouteille estimée problématique après analyse, il y a deux cas de figure possibles. Dans le cadre d’une « due diligence », le client est informé du résultat de l’examen avec la recommandation de rejeter la ou les bouteilles concernées. Dans le cas où le client est le propriétaire des bouteilles, il reçoit un rapport écrit contenant tous les éléments qui justifient la conclusion de l’expertise. Ce rapport peut ensuite être utilisé auprès du vendeur afin d’obtenir un règlement à l’amiable avant d'envisager une voie judiciaire.
En termes juridiques, il s’agit du rapport d’un technicien et non d’une expertise judiciaire qui est une mesure d’investigation ordonnée par un juge. Néanmoins, le décret n°2012-66 du 20 janvier 2012 du Code de Procédure Civile a introduit de nouvelles possibilités d’expertise dite « amiable » dans le cadre d’une procédure dite « participative ». Depuis le 1er Novembre 2021, l’article 1554 (modifié par décret n°2021-1322 du 11 octobre 2021 - art. 4) établit que le rapport d’un technicien établi dans ce cadre « a valeur d’expertise judiciaire ».
Les acheteurs de grands vins soucieux de limiter leur risque privilégieront donc les circuits officiels de distribution et les maisons sérieuses qui examinent avec soin les bouteilles qu'elles proposent. Pour les acquisitions de lots conséquents ou de flacons particulièrement rares et onéreux, je ne saurai trop conseiller une expertise en due diligence pour éviter les mauvaises surprises.
La place des licornes doit rester dans les contes de fées.
Pour en savoir plus, n’hésitez pas à me contacter par message privé.
REFERENCES
Image de couverture : Etiquettes contrefaites saisies chez Rudy Kurniawan (source image : US Department of Justice & Chai Consulting)
[1] 15 000 tonnes of illegal food and beverages off the market, Europol, 21/07/2021
[2] Victory for Treasury Wines in Chinese court over alleged copycat brand, 10/08/2022, The Sydney Morning Herald
[3] Viral video in China surfaced showing fake Bordeaux wine production, Vino Joy, 5/12/2019
[4] Spanish Authorities Bust Wine-Counterfeiting Ring Allegedly Producing Fake Vega Sicilia and Pingus, Wine Spectator, 31/07/2018
[5] Fausses bouteilles de Romanée-Conti : jusqu'à trois ans de prison requis, Ouest France 3, 27/01/2017
[6] Spain uncovers alleged whiskey fraud, Food Safety News Desk, 16/12/2020
[7] Mot valise anglais, contraction de « masse » et « prestige » qui fait référence à des produits considérés comme grand public en raison de leur prix et d’une grande disponibilité sur le marché tout en conférant un sentiment de prestige aux acheteurs.
[8] Falso vino 'Doc Bolgheri Sassicaia', due arresti e 11 indagati, La Nazione, 14/10/2020
[9] Le système Coravin™ consiste à percer le bouchon au moyen d’un appareil équipé d’une aiguille pour aspirer du vin en le remplaçant au fur et à mesure un gaz inerte.
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